C-Drik est présentement dans l’eau chaude à cause de la fois où il aurait dit le n word lors d’une soirée de battle-rap arrosée. Aurait parce que personne ne sait ce qui s’est réellement passé. C-Drik soutient que ses souvenirs sont plutôt flous. Même chose du côté des témoins de la soirée; il s’agissait de la première rencontre du collectif 12 Singes lors de ses premiers balbutiements, à l’aube de l’hiver 2010. St-Saoul, Farfadet, Krooks, Kard, MiG, Cheak13 et Freddy Gruesum s’étaient effectivement retrouvés pour discuter du collectif dans l’appartement de JohnJohn. Une soirée où les esprits se sont échauffés lors d’une session de battle-rap, discipline à l’époque en expansion dans le rap québécois.

Déterrer une histoire de 2010

Récemment de passage à Rapolitik, Freddy Gruesum est revenu sur la fameuse soirée du collectif 12 Singes en précisant un important détail. C-Drik l’aurait agressé verbalement en utilisant une injure raciste. En relayant le podcast en question, Le Journal du Hip-Hop (JDHH) en a fait un grand titre : «Freddy Gruesum raconte la fois où C-Drik l’a traité de n*gre par frustration durant un battle». Dans l’article, on comprend ce dont il est question. Le battle-rappeur raconte que C-Drik s’est approché de lui en disant : « vous-autres les n*gres-là ». Freddy précise toutefois qu’il n’est pas chaud à l’idée de ramener cette vieille histoire, mais que c’est la vérité. «Ça me fait chier de ramener le shit, mais it’s still the truth», de dire le battle-rappeur aux animateurs. Keke, de Rapolitik, lui répond que cela ne dérange pas que ce soit vieux ou pas. Selon l’animateur, c'est quelque chose qu'on doit savoir puisqu’il y a de gens dans le hip-hop qui sont racistes.

L’article du JDDH a fait son petit bonhomme de chemin. Un peu à la manière du blackface de Justin Trudeau, mais à l’échelle du petit microcosme du rap québécois, C-Drik s’est ainsi retrouvé au centre d’une controverse pour une histoire vieille de 10 ans. L’ex-Complys a rapidement réagi sur les réseaux sociaux, avant de supprimer sa publication. Toutefois, il était trop tard puisque des screenshots de son intervention circulaient déjà sur le Web. Sous le coup de l’impulsivité, C-Drik s’est énervé en affirmant que Freddy se «permettait de dire n’importe quoi dans son dos quand il n’est pas là».

Est-ce vraiment n’importe quoi? Nous avons demandé à C-Drik.

«Je ne dirais jamais ça aujourd’hui» - C-Drik

Nous avons effectivement joint C-Drik au téléphone. En vrai, le rappeur reconnaît avoir déjà utilisé le n word, mais pas «aussi agressivement» que Freddy Gruesum le prétend. C’est précisément ça qui lui dérange.

«C’est moi qui a invité Freddy Gruesum au meeting de 12 Singes, parce que je le trouvais dope. Je ne voulais pas le faire chier», explique d’emblée C-Drik. «Peut-être que je l’ai dit. Je m'en souviens plus vraiment. Mais c’était dans un contexte de battle. On faisait des freestyles dans un cercle, c’était pas du un contre un», poursuit le co-fondateur du collectif 12 Singes. De plus, il affirme qu’aucun témoin de la soirée ne souvient réellement de l’événement.

«Après la soirée, j’ai continué à communiquer avec lui, pendant deux semaines. On parlait de beat. Un moment donné, il me dit : ”je ne veux plus travailler avec toi, t’es raciste”», affirme le rappeur actif depuis le milieu des années 1990, alors qu’il était pratiquement le seul rappeur blanc.

À partir de ce moment-là, Freddy Gruesum aurait continué à penser que C-Drik est raciste. Il lui en aurait fait part très souvent. Ce serait la raison principale du pourquoi un battle entre Freddy Gruesum et C-Drik a eu lieu aux WordUP!, en 2014. C-Drik aurait voulu régler ses comptes.

En entrevue, C-Drik est prudent. Il emploie le terme n word à défaut de dire le «vrai» n word tout au long de la conversation. «J’ai eu ma leçon dans le temps des Chiefs», avoue le rappeur anciennement membre de ce groupe qu’il a fondé avec Akshun, Samy Elmousif et Mèche. C-Drik relate qu’Akshun, reconnu pour être un fervent antiraciste, lui a «donné une bonne mornifle sur le pif» alors qu’il avait sorti le n word à l’époque. «Le lendemain, c’était réglé, mais depuis j’essaie de faire vraiment attention à ce mot-là», assure C-Drik.

«J’écoute du rap depuis que je suis haut de même, pis j’entends ce mot-là tout le temps. C’est vrai que je l’ai répété souvent. Comme beaucoup de heads. Sauf qu’un moment donné, à force de traîner avec des haïtiens, tu te rends compte qu’il y a des mots que tu ne peux pas dire. Je ne dirais jamais ça aujourd’hui», admet l’ex-Complys.

Page d'accueil