Tupac Shakur aurait eu 49 ans aujourd’hui. Le rappeur légendaire décédé en 1996 compte sur un catalogue riche et varié qui vient montrer la complexité de l’artiste né à New York en 1971. Parfois activiste, parfois thug, 2Pac savait parler à tout le monde, peu importe l’âge, la couleur de peau ou la situation financière.

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Pour célébrer la vie de ce rappeur omniprésent sur toutes les listes de G.O.A.T. (Greatest Of All Time) du rap américain, on vous propose cinq classiques sous-estimés de Makaveli.

Violent - tirée de l’album 2Pacalypse Now (1991)

Si on vous disait que 2Pac a déjà rappé sur des rythmes reggae, on ne vous en voudrait pas de penser qu’il s’agit d’un remix posthume de mauvaise qualité comme il s’en est fait des dizaines suite à la mort du rappeur. Pourtant, Violent apparaît sur le premier album de Tupac, et propose un mashup entre rap et reggae produit par The Underground Railroad où le MC californien s’exprime sur des sujets toujours autant d’actualité 30 ans plus tard: le racisme et la violence policière.

« If this is violence, then violent's what I gotta be
If you investigate you'll find out where it's comin' from
Look through our history, America's the violent one
Unlock my brain, break the chains of your misery »

Violent montre un 2Pac engagé, conscient et déterminé à combattre ces injustices à travers sa musique alors qu’il n’a que vingt ans. Avant de devenir la star qu’on a connue avec des chansons comme California Love, Dear Mama ou Changes, Shakur était déjà un artiste aux convictions fortes.

Old School - tirée de l’album Me Against the World (1995)

On connaît Tupac comme un rappeur qui oscillait entre le commentaire social et la vie de rue, mais le MC était pourtant tout aussi capable de rendre hommage à la culture rap. La pièce Old School est un parfait exemple, alors que Shakur se tape un trip de nostalgie qui retrace les souvenirs liés au rap qui ont marqué sa jeunesse. L’album Me Against the World représentant le dernier album d’un Pac « conscient » avant de découvrir la thug life de Death Row Records sur All Eyez On Me, on peut voir en Old School une sorte d’adieu à la vieille école qui a modelé le style des premiers albums du rappeur.

Mené par un sample du new-yorkais Grand Puba - « I wouldn’t be here today, if the old school didn’t pave the way », Old School est un vrai festival du namedrop de rappeurs de la Grosse Pomme. Y passent LL Cool J, Grandmaster Caz, Eric B & Rakim, De La Soul, KRS-One ou encore Big Daddy Kane. Si le rappeur est décédé des suites du conflit entre la côte est et la côte ouest, ce n’est pourtant pas par manque d’amour pour la musique de sa ville natale.

How Long Will They Mourn Me? feat. Nate Dogg - tirée de l’album THUG LIFE (1994)

Si All Eyez On Me est l’album qui a installé 2Pac comme le thug ultime du rap américain, la transformation commence déjà à s’opérer sur l’album THUG LIFE que le rappeur sort en 1994 en compagnie des MCs Big Syke, Macadoshis, Mopreme et The Rated R. On retrouve sur THUG LIFE le son organique basé sur l’enregistrement d’instruments qui forgera l’identité du West Coast dans la deuxième moitié des années 1990.

Alors que Pac contemplait les injustices de la rue avec une certaine distance et/ou fiction, il livre ici un témoignage poignant à son ami décédé Kato, et signe du même coup sa première collaboration avec un Nate Dogg en pleine explosion. L’enchaînement émotif des couplets de The Rated R et Macadoshis est encore touchant plus de vingt ans plus tard.

Got My Mind Made Up feat. Dat Nigga Daz, Kurupt, Method Man & Redman - tirée de l’album All Eyez On Me (1995)

Il y a peu d’albums dans l’histoire du rap qui peuvent compter sur autant de hits que All Eyez On Me. L’album-double de 28 chansons compte sur au moins une douzaine de classiques inestimables du rappeur. Pourtant, on oublie un peu cette collaboration East Coast - West Coast où 2Pac retrouve le Dogg Pound de Kurupt et Daz pour une rencontre avec Method Man et Redman bien avant leurs projets communs.

La production de Daz Dillinger réunit donc certains des meilleurs rappeurs des deux côtes alors qu’ils étaient en pleine apogée. Pour la petite histoire, c’est Got My Mind Made Up qui a contribué à créer un conflit entre Dr. Dre et Tupac. Pac croyait que la chanson qui devait originellement se trouver sur l’album Dogg Food de Dogg Pound était produite par Dre, car c’est au studio de ce dernier qu’on lui avait donné les pistes de la pièce. Quand Daz a appris à Tupac qu’il s’agissait de son travail, la relation entre Dre et Makaveli s’en est trouvée affectée à jamais.

Against All Odds - tirée de l’album The Don Killuminati: The 7 Day Theory (1996)

La grande majorité des fans de rap vous diront que la mythique chanson Hit ‘Em Up est un des meilleurs diss tracks de l’histoire du rap. Pourtant, Against All Odds est probablement encore plus brutale, alors que Tupac s’en prend à une partie importante de la scène rap. En prennent pour leur grade Nas, Mobb Deep, Dr. Dre, Puff Daddy, Q-Tip ou encore De La Soul. Nas et Puffy reçoivent les coups les plus durs alors que Pac règle ses comptes avec l’ensemble du East Coast américain.

Comme The Don Killuminati: The 7 Day Theory est sorti deux mois après la mort de Shakur, la réception de Against All Odds a été un peu bizarre, puisque les conflits du rappeur se sont essentiellement terminés suite à son décès. Nas a même affirmé avoir eu la chance de faire la paix avec 2Pac peu avant sa mort, et apparaîtra plus tard avec le rappeur sur la chanson posthume Thugz Mansion.

Photo : MTV

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