Une heure avant le lancement du concert, l’ambiance est électrique. Tandis qu’une partie du public s'empresse de se faire une place près de la scène, les amateurs les plus férus du groupe s’amassent à la table de merch afin d’acquérir une des pièces exclusivement imprimées pour la soirée (ou même une édition limitée de Gullywood contenant les versions instrumentales). Il faut dire qu’à Montréal, ce n’est pas pour n’importe qui qu’on se déplace aussi tard un jeudi soir. Six ans après leur dernier show au OUMF, l’un des plus grands groupes de la dernière décennie se reformait pour célébrer les 10 ans d’un album classique du rap québécois, Gullywood. Et ça, ce n’est pas rien.

Suivant un message des Francos complètement enterré par le bruit du public, le concert s'ouvre sur une succession d’images faite d’extraits de clips et de rares vidéos d’archives. Loud, Lary Kidd et Ajust entrent rapidement sur scène pour entonner « Outremont », pièce d’ouverture de Gullywood. S’ensuivent une succession de morceaux extraits de leur premier album, tous backés par un public « torché ben raide », à l’exception de la très datée « Jeunes filles » et de (la griseldaesque avant l’heure) « À la grâce de dieu ». Si chaque morceau est accueilli avec un mélange d’euphorie et de nostalgie bien placée, c’est sans aucun doute Candlewood Suites qui enflamme le plus la salle. « C’est un hommage à ce lieu mythique qui n’existe plus », clame Loud avant qu’Ajust lance l’instrumentale. L’endurance des rappeurs est impressionnante et le niveau de maîtrise de leurs paroles force le respect, des années après la sortie des morceaux. Les bars référencées font sourire le public qui en saisit les subtilités (mention spéciale à la sympathique : « hipsterish grâce à CISM Radio ») tandis que la fosse se transforme en énorme moshpit. Comme au premier jour, la symbiose entre les membres du groupe est palpable et les trois acolytes semblent s’en rendre compte. Ajust vient même rapper (pour la première fois?) son couplet sur « James Hyndman Money ».

Alors qu’on s’attendait à entendre Gullywood dans son entièreté, Loud Lary Ajust enchaînent sur des morceaux du EP Ô mon dieu, beaucoup mieux taillés pour la scène. Les sonorités particulières des instrumentales nous retransportent en 2013, quand la trap d’Atlanta prenait d’assaut le rap mondial. C’est avec satisfaction qu’on entend également quelques morceaux incontournables de Blue Volvo. Enfin, le set se clôture sur une touche d’émotion : un hommage passionné à Karim Ouellet sur « Automne », dont le refrain est entièrement repris par la foule.

Photos : Alex Dilem

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